Inégalités

Redonner le pouvoir aux productifs

Le constat

Aujourd'hui la société est devenue plus dure pour ceux qui sont en bas de l'échelle alors même qu'ils assument des fonctions de plus en plus indispensables, logistiques, productives ou aides à la personne. La classe moyenne a été écrasée depuis 30 ans mais par un double phénomène : promotion des diplomés du supérieur dans les métropoles, qui représentent désormais plus de 20% de la population (contre 5% il y a 40 ans), et création d'emplois de services peu rémunérateurs à l'autre bout de la chaîne. Les solutions comme la supression de l'ENA, le développement de la "méritocratie républicaine", ou la fixation de quotas dans les concours, ne sont pas à la hauteur de l'enjeu, qui concerne, non pas quelques milliers de personnes (les heureux promus), mais des millions. Réintroduire ces millions dans la vie économique et politique est l'enjeu de la démocratie aujourd'hui.

L'augmentation massive du SMIC, la prime à l'emploi ou l'instauration d'un revenu universel ne sont pas des solutions viables pour 2 raisons : ils posent des problèmes d'ordre économique et budgétaires alors que nous avons atteint les limites du système redistributif, font dépendre une partie de la population d'une aide publique, alors qu'elle veut simplement vivre de son travail. Ils ont le sentiment de n'être plus maîtres de leur destin et de subir une forme de "mépris de classe" de la part des "gagnants". La compensation des effets de la mondialisation par des transferts sociaux n'est donc pas satisfaisante, car il faut en traiter les causes et pas simplement les effets.

Il ne faut pas hésiter à remettre en cause certains mantras de la politique économique : liberté absolue des mouvements de capitaux et des échanges, préférence pour les prix bas plutôt que pour la qualité, mépris du local et du national, préférence pour les diplômes abstraits et le fonctionnariat, au détriment des "vrais" métiers.

Les propositions

1 - Réduire la scolarité obligatoire, former aux métiers

Beaucoup de jeunes, qui ne sont pas à l'aise dans les livres, ont l'impression de perdre leur temps sur les bancs de l'école. Or aujourd'hui le "capital connaissance" est devenu la première richesse, mais il faut le diversifier en l'ouvrant à d'autres formes d'excellence que le strict aspect intellectuel et académique. Maîtriser un métier, y compris manuel, doit être considéré comme une voie de réalisation de soi aussi valorisante que les autres, et non la conséquence d'un échec. Car les filières professionnelles qui débouchent sur un emploi dans le commerce, l'industrie ou l'artisanat sont délaissées au profit de filières "académiques" qui ne débouchent sur rien. Nous voulons inverser la tendance et libérer les jeunes de cette impasse en réduisant la scolarité obligatoire à 13 ans. Attention, cela ne signifie pas qu'il n'ont droit à rien, au contraire. Electeurs-libres propose 2 choses en contrepartie :
  • une vraie formation à un métier au cours des 3 ans qui suivent, en substitut à la scolarité, sanctionnée obligatoirement par un diplôme professionnel,
  • la monétisation de ces années de scolarité non suivies (3 ans maximum, 10 000 €/an) sous forme d'un compte-formation personnel, leur permettant de financer des études ultérieurement jusqu'à l'âge de 40 ans, ou bien de récupérer cette somme pour financer un projet d'activité jusqu'à cet âge ou pour racheter des "points" de retraite au-delà.

2 - Lutter contre la préférence systématique pour le "low cost" et les services

Nous constatons que la "destruction créatrice" un peu sommaire, consistant à compenser les conséquences de la mondialisation sur l'emploi industriel par une multiplication des emplois "à la personne" atteint ses limites. Un consensus semble s'établir sur la nécessité d'inverser ce processus qui affecte particulièrement la France, mais il y a loin des intentions à la réalisation. On s'est débarassé de l'industrie avec plaisir en pensant baisser les prix et réduire les inconvénients de celle-ci (pollution, mouvements sociaux...). La pauvreté vient de la course aux prix bas pronée par la grande distribution sous prétexte que les consommateurs n'auraient pas les moyens. Mais qui ne voit qu'il s'agit d'une spirale infernale ? Prix bas = salaires bas = nécessité de prix bas... Et mimima sociaux pour compléter le revenu et donc dépenses publiques ++. Aujourd'hui ce modèle est remis en cause par de nombreux économistes, comme Patrick ARTUS, qui y voit un lien direct avec la dette publique.

Proposition : soutenir par la formation et au niveau européen la relocalisation d'activités manufacturières et artisanales de qualité.