Ecole privée, école publique...
Par Jean Guicheteau
La récente polémique dont a fait l'objet la nouvelle ministre de l'éducation nationale illustre parfaitement l'écart qui se creuse entre les "élites", leur vie, leurs discours, et le reste de la population : "Ils lient de pesants fardeaux et les imposent aux épaules des gens, mais eux-mêmes se refusent à les remuer du doigt" (Matthieu 23-4). On ne peut reprocher à personne de vouloir le meilleur pour ses enfants, mais en revanche, on peut reprocher aux gouvernements de ne pas faire tout le nécessaire pour donner le meilleur aux Français. Les élites bureaucratiques continuent à tenir un discours dont ils savent pertinemment qu'il est faux et obsolète, le preuve en est qu'ils pratiquent l'inverse dans leur comportement privé.
On sait parfaitement aujourd'hui ce qu'il faut faire pour que l'école publique soit performante, on sait ce qu'il faut faire pour que la santé publique le soit aussi, mais on ne le fait pas parce qu'on ne le VEUT pas. Et on ne le veut pas, parce que cela amènerait à remettre en cause le pouvoir technocratique lui-même dont sont issues la plupart de ces élites.
Mme Oudéa-Castera est tout à fait au courant de ce qui marche dans l'éducation et ce qui ne marche pas, et elle en tire tous les enseignements à titre personnel. Mais gageons qu'elle se refusera obstinément à en tirer toutes les conséquences en tant que ministre parce que cela l'obligerait à affronter le système soviétiforme et l'organisation bureaucratique pédagogique qui le coiffe. Et çà, elle ne veut pas, et le gouvernement non plus d'ailleurs.
On peut prendre les paris qu'au-delà des grandes déclarations sur les "fondamentaux", le redoublement, le dédoublement, l'exigence, l'homogénéité... rien ne changera en profondeur parce qu'on ne s'attaquera pas à l'organisation qui fige et paralyse le secteur public.