Déficits publics : comment en sortir
Par Jean Guicheteau
La croissance prévue ne sera pas au rendez-vous et oblige le gouvernement à annuler 20 milliards supplémentaires de crédits dans le budget 2024 pour ne pas voir sa note de confiance se dégrader encore auprès des prêteurs (hé oui quand on s'endette de près de 300 milliards en 2024, il faut rendre des comptes!). Et ce ne n'est pas la méthode du rabot, consistant à rogner des augmentations de crédits ici ou là qui suffira. Comme on l'a déjà dit dans ces colonnes, la gestion de l’État mérite mieux et il faut repenser de fonds en comble les moyens, les objectifs et les méthodes. La croissance 2022 n'était qu'un feu de paille du aux dizaine de milliards publics déversés dans l'économie mais cette forme de dopage n'a qu'un temps et aujourd'hui les défaillances d'entreprise explosent. Au contraire, sans REFORMES DE STRUCTURE de la sphère publique, celle-ci va s'effondrer et entraîner avec elle l'ensemble du pays comme un noyé qui s'accroche à son sauveteur.
Les dysfonctionnements du secteur public et les 5 propositions des Electeurs-libres
- Une productivité en berne : redonner le pouvoir aux métiers, c'est à dire aux productifs plutôt qu'aux administratifs devrait être notre préoccupation principale; ceux-ci se sont accaparé le pouvoir de décision dans le secteur public au détriment des professionnels : médecins, ingénieurs, enseignants, soignants, policiers, magistrats... or ils ne sont qu'un appui administratif et logistique auprès de ceux-ci et non les donneurs d'ordre. Le pouvoir de décision, notamment budgétaire (les cordons de la bourse en clair), doit appartenir aux métiers, accompagnés sur le terrain par des spécialistes recrutés sur contrat et dont c'est là aussi le métier (contrôleurs de gestion, acheteurs, logisticiens, spécialistes en ressources humaines...). Il faut donc réduire une grande partie de l'administration dite "générale", de plusieurs centaines de milliers de postes.
- Les doublons : l'administration a généré une multitude d'agences de tous ordres en dehors des ministères qui font souvent double emploi, sont peu utiles, ne produisent rien de significatif pour les Français, le tout pour un coût exorbitant de plus de 80 milliards. Sauf des cas particulier type CNRS ou CEA, 80% de ces agences sont à supprimer et leurs missions aussi, sauf à les reintégrer dans les ministères de tutelle (mais à effectif constant).
- La confusion ente le budget social et le budget de l'Etat : depuis 30 ans, l'Etat n'a eu de cesse d'intervenir dans la gestion du système social (retraite, maladie, chômage) en justifiant cet interventionnisme par des motifs économiques de coût du travail et donc en fiscalisant une partie croissante des cotisations sociales, notamment en assurance-maladie et chômage. Système séduisant, confortable a priori mais en réalité menant à la ruine car déresponsabilisant. La conséquence en est la confusion budgétaire, qui ne permet pas d'identifier et traiter les problèmes à la source, la politisation du système, génératrice d'immobilisme (les politiques hésitent à faire des réformes délicates qui nuiraient à leur popularité) et surtout l'irresponsabilité des partenaires sociaux et des Français, qui attendent que l'Etat intervienne au lieu de se saisir eux-mêmes des problèmes. Nous voulons revenir sur cette évolution délétère en séparant strictement ce qui relève du contributif, géré par des conseils d'administration élus par les assurés (ce qui était la règle dans le système créé en 1945) de ce qui relève du distributif (prestations sociales sans contribution) financé à juste titre par l'impôt.
- La décentralisation illisible : la multiplication des échelons, la non spécialisation des collectivités, l'autonomie financière rognée en permanence par l'Etat central, la megalomanie des élus locaux acharnés à construire toujours plus pour montrer qu'ils existent, la productivité très faible (voir le livre "Absolument débordée") ont là aussi créé un système irresponsable et très coûteux pour les contribuables (qui devraient pourtant constituer leur préoccupation première). Nous envisageons de transformer profondément ce système en agissant sur 2 leviers : réduction des échelons de 4 à 2 et spécialisation (avec des transferts de l'Etat conséquents au niveau des régions ; agriculture, santé), autonomie financière complète en supprimant les dotations de l'Etat remplacées par des impôts locaux (TVA régionale et nouvelle taxe d'habitation basée sur le revenu).
- L'imbroglio fiscal : la réforme des systèmes sociaux et locaux implique une réforme fiscale importante dont la ligne directrice est la SIMPLIFICATION. Un seul impôt sur les revenus, les successions, les plus-values et la consommation (hors alimentation) au taux de 20% avec la suppression complète des 400 niches fiscales.
Un tel programme ne se réalise pas en 6 mois, les fameux premiers "6 mois du président", mais sur une législature, c'est à dire 5 ans.