Pistes cyclables : le parcours du combattant
Par Jean Guicheteau
Le gouvernement vient d'annoncer un plan de 4 milliards pour accélérer la pratique du vélo, notamment dans les grandes agglomérations. En effet, ce n'est pas en rendant plus difficile les déplacements, notamment en voiture, qu'on résoudra le problème de la pollution et de l'engorgement, mais en proposant des alternatives crédibles. On pourrait imaginer à Paris que les voitures électriques puissent utiliser un couloir de circulation prioritaire, ou réserver une voie du périphérique aux véhicules zéro émission.
Le vélo est aussi une bonne solution mais il faut bien dire que les pouvoirs publics, notamment les communes, n'ont pas mis toutes les chances de ce côté, préférant proposer des bicyclettes en libre-service, plutôt que de travailler sur les infrastructures, c'est à dire les pistes cyclables. Car si un particulier peut facilement faire l'acquisition d'un vélo, il ne peut pas venir avec sa piste cyclable sous le bras... C'est donc la responsabilité exclusive des pouvoirs publics de créer les infrastructures appropriées avec deux principes majeurs qui ne sont pas vraiment respectés aujourd'hui : la sécurité et la continuité.
La sécurité exige de séparer complètement le flux cycliste du flux automobile et ce n'est pas avec de simples pointillés sur la chaussée qu'on y arrive ! La continuité impose de concevoir la piste comme un réseau de transport à part entière : imagine-t-on une ligne de métro ou de tramway s'interrompre, faire descendre les voyageurs et leur demander de remonter 500 m plus loin ? C'est pourtant ce qui se passe avec les pistes cyclables, car elles ne sont pas conçues comme un véritable mode de déplacement alternatif.
Cela nécessite de construire un projet complet, comme si on déployait un réseau de transports en commun. Le coût sera plus important que si l'on fait 300 m de piste ici, puis 300m de piste là, mais le résultat sera plus efficace et cohérent, et les usagers deviendront plus nombreux. Le financement se fait par emprunt, dont l'amortissement sera étalé sur 25 ans, sachant que les charges d'entretien sont très faibles.