Gouverner autrement : vraiment ?

Par Jacques Leclerc

Après sa réélection dimanche 24 avril, MACRON a promis dans son discours de victoire, de "gouverner autrement". Mais comment ? D'après lui en associant davantage les Français aux décisions, en mobilisant des "conventions citoyennes", en organisant des référendums locaux, en suscitant des grands débats, pour tenir compte de l'abstention et du mécontentement des électeurs devant le système de décision politique actuel, opaque et inopérant. En effet, les questions de gouvernance sont fondamentales et déterminent la réussite ou non d'une politique.

Mais il y a 2 façons différentes d'aborder cette question. La première consiste à solliciter des avis avant de prendre sa décision, "concerter" comme on dit en essayant de tenir compte de ce qui a été suggéré, même si c'est parfois contradictoire. Donner aussi une marge de réflexion et de proposition plus importante aux élus du parlement avec un temps de débat suffisant de façon à faire "mûrir" la décision et lui apporter ainsi un surcroît de légitimité, car c'est bien la diificulté actuelle : donner de la légitimité aux décisions. On reste néanmoins dans un système de décision centralisé où le décideur conserve la plénitude de ses pouvoirs sans partager vraiment avec quiconque. Nous pensons à Electeurs-libres que cette façon de procéder est obsolète et ne permet pas vraiment de "responsabiliser" les Français sur les enjeux qui les concernent (éducation, retraite, santé, emploi...).

C'est pourquoi nous préférons une deuxième formule, beaucoup plus efficace, mais qui nécessite de changer radicalement notre façon de gouverner : non plus associer ni concerter, mais déléguer à des instances élues, territoriales (décentralisation), professionnelles (paritaires ou non), sociales, éducatives... le soin de prendre les décisions à la place du pouvoir politique. Celui-ci fixerait le cadre et les contraintes à respecter (après concertation), le ferait valider par le parlement, mais laisserait ensuite les délégataires assumer leurs responsabilités. Nous débloquerions ainsi la société en répartissant les pouvoirs de décision, en les dépolitisant, en les rendant plus proches et plus spécialisés.