Il ne faut pas réformer la France !

Par Jacques LECLERC

On entend souvent les hommes politiques et les technocrates dire : "il faut réformer la France !". Or ils sont incapables de se réformer eux-mêmes. Comme aurait dit COLUCHE : ils parlent de réforme, ils vendent la réforme, mais ils n'ont pas un seul échantillon sur eux. En réalité, il ne faut pas réformer la France, car la société civile en a moins besoin que le secteur public sclérosé, adipeux, obèse, incapable de se mouvoir vers autre chose que sa propre pérénnité et son extension infinie. L'Etat est devenu "cette arrogance de droit divin qui prétend tout mieux faire que les français" (Sébastien Le Fol).

Par conséquent la priorité des 5 ans à venir ne devrait pas tant être de "réformer la France", qui n'en a pas besoin, que de réformer la sphère publique qui elle, en revanche, a besoin d'une rénovation de la cave au grenier !

A quoi sert le secteur public ?

Certains le considèrent comme une fin en soi, un élément "non marchand" dans un environnement capitaliste forcément hostile, équilibrant en quelque sorte par son existence même un secteur marchand cupide pour en atténuer les effets. Ce n'est pas notre conception du service public, beaucoup plus modeste, qui consiste à considérer qu'il y a des activités et des biens collectifs qui ne peuvent être individualisés ni facturés directement aux utilisateurs. Ces missions relèvent de l'Etat et des collectivités locales -dont nous proposons de revoir les compétences pour éviter les doublons- la sécurité sociale relevant quant à elle d'un tiers secteur coopératif et mutualiste, mais privé dans sa définition juridique et entièrement autonome dans sa gestion.

Dans le secteur public, l'échelon de base, celui qui est sur le terrain en contact direct avec les usagers, est trop souvent handicapé dans son travail par une hiérachie éloignée et protégée, qui exige des résultats mais sans en assumer les conséquences ni même parfois la responsabilité (le fameux "pas de vagues"...). On l'a vu dans les hôpitaux pendant la crise sanitaire de 2020, où dans les collèges quand les profs doivent affronter sans beaucoup de soutien, l'indiscipline de certains élèves et même la violence.

Nous proposons de "libérer" complètement cet échelon de terrain de sa hiérachie qui ne doit pas être là pour lui prescrire en permanence ce qu'il doit faire (par moult circulaires jamais lues...) mais pour lui fixer des objectifs annuels et laisser ensuite les professionnels travailler en les soutenant plutôt qu'en essayant de les contrer en permanence. Cela signifie aussi que les moyens budgétaires, y compris concernant le personnel, doivent être déconcentrés au profit des unités de terrain car aucune autonomie n'est possible sans indépendance financière.

Avec une règle : tout ce qui peut être décidé sur le terrain doit l'être à ce niveau (subsidiarité). Et une autre règle : tout ce qui peut être réalisé par la société civile ne doit pas être de la compétence publique, au Parlement de se poser la question lors des débats budgétaires.