Dette publique : comment assurer la transition en douceur
Par Jean Guicheteau
Le gouvernement est aujourd'hui dans une impasse : il doit réduire la dépense publique pour réduire le montant de l'emprunt et celui de la dette. Des mesures de fond s'imposent, mais elles ne produiront leurs effets que dans 2 ou 3 ans, car rien n'a été anticipé. En effet ces mesures à prendre concernent le périmètre, l'organisation et le train de vie de la sphère publique, habituée à dépenser sans compter. C'est donc un chantier immense et un changement complet des pratiques.
Mais le budget 2026 doit prévoir de récupérer 40 milliards minimum sous forme de dépenses en moins ou de recettes en plus. La tentation est grande d'augmenter les taxes, de réduire les niches, de mégoter des crédits ici et là, c'est à dire de continuer à bricoler avec les expédients habituels un budget qui ne règlera rien pour l'avenir.
Il faut donc prendre des MESURES STRUCTURELLES qui aient pour effet de réduire pour les 10 ans à venir, le stock incompressibles de dépenses publiques d'au moins 100 milliards et on les connaît, ce sont d'ailleurs celles que proposent les Electeurs-libres : suppression de services et d'agences, regroupements d'administrations, remise en cause de certaines missions, suppression de 2 échelons de collectivités locales, fusion massive de communes, autonomisation financière du système social pour une meilleure gestion et responsabilisation...
Anticiper le recouvrement de l'impôt
Mais comment faire en attendant pour réduire le déficit budgétaire dès maintenant et présenter un chiffre 2026 qui satisfasse les prêteurs ? L'argent public est devenu plus rare, les impôts sont au maximum acceptable, mais on peut jouer avec la variable financière la plus décisive de toute : le temps. Mobiliser aujourd'hui l'impôt qui aurait dû être perçu demain. C'est à dire proposer aux contribuables assujettis à l'impôt sur le revenu de payer dès 2026 un montant correspondant à 5 ans d'avance et en contrepartie d'être exonérés de cet impôt pendant les 8 années suivantes. Imaginons que 20% des contribuables acceptent ce deal, cela correspond à 80% d'IR supplémentaire qui rentrent immédiatement dans les caisses, soit 67 milliards environ. L’État devrait alors profiter de ce répit pour se réformer et adopter les mesures structurelles dont on parle afin d'économiser annuellement au minimum 20% de cet IR (correspondant à la perte de recettes pendant 8 ans) et sans doute beaucoup plus évidemment.
Mais cette mesure aurait 2 effets favorables : d'une part bénéficier d'un surplus immédiat pour se réformer, car la réforme a un coût, favoriser ensuite la production et la consommation grâce à l'exonération fiscale des personnes ayant accepté cette proposition.