Un problème de gouvernance

Par Jean Guicheteau

Les pays occidentaux ont des problèmes communs bien identifiés : vieillissement, démographie, menaces terroristes, pollution, désindustrialisation... Mais la France y ajoute un problème spécifique, dont on parle peu, tout en constatant tous les jours les effets néfastes : un problème de GOUVERNANCE.

On en a vraiment pris conscience lors de la crise sanitaire, où l'on a vu l'autoritarisme bureaucratique se déployer sans limite en créant de la confusion, de l'incompréhension et souvent de l'inefficacité. Ce problème n'est pas technique, mais politique. En effet il ruine la confiance dans les dirigeants, démotive les français dans leur action (on leur dit : "surtout ne faites rien, nous nous occupons de tout !"), crée l'individualisme et le repli au lieu de l'action collective.

Les Electeurs-libres à "contre-courant" du présidentialisme béat

La source se situe au sommet de l'Etat où règne l'absolutisme inefficace du présidentialisme. Que les Français semblent plébisciter l'élection présidentielle et légitimer cette situation nous semble prendre l'effet pour la cause, car ils ont compris que l'essentiel du pouvoir se concentre à ce niveau et, réalistes, ils en tirent les conséquences, sans qu'on puisse affirmer qu'ils y consentent.

Non à la VIème République, appliquons la Vème !

Dans un régime démocratique, c'est le parlement qui est la source du pouvoir et le gouvernement son exécutant et c'est bien ainsi qu'est rédigée la constitution de 1958. Mais dans la pratique, c'est l'inverse qui se produit : le parlement n'étant plus le lieu des grandes décisions, mais une chambre d'enregistrement à la disposition du pouvoir qui doit encore en passer par là pour donner libre cours à sa manie normative, même si on sent bien que çà l'agace et qu'il a l'impression de perdre son temps...

Dans un deuxième temps, c'est le gouvernement qui est à son tour dépossédé, au profit de la présidence et de ses conseillers occultes (non élus) mais qui instruisent les dossiers à sa place. Le premier ministre n'est plus que le premier des ministres, une sorte d'employé à la disposition du président, comme l'avait reconnu benoîtement Edouard PHILIPPE, alors qu'en fait il a son rôle et sa légitimité propres.

Le pays "n'avance" plus, tout étant suspendu à la décision d'un homme, qui hésite à agir, et on le comprend. La réforme des retraites avortée en est encore un exemple. Mais pendant ce temps les déficits s'accumulent.

Car ce pouvoir politique impuissant a mis la main sur la gestion du système social en y reproduisant les pratiques dirimantes en vigueur dans la gestion de l'Etat.

Un système jacobin à bout de souffle miné par le clientélisme

Malgré des lois de décentralisation successives, apportant plus de confusion que de clarté, le régime politique, économique, culturel et social reste terriblement centralisé. La vraie décentralisation, ce n'est pas quand des problèmes régionaux sont traités en région, mais quand des questions nationales y sont traitées.

Le pouvoir de décision est non seulement concentré entre les mains du président, mais Paris et sa région continuent de monopoliser l'essentiel du pouvoir économique. La "réussite" des métropoles est en grande partie un leurre car il ne s'agit que d'un rattrapage. Les Electeurs-libres font des propositions concrètes pour remédier à ces inconvénients.

Retirer à l'Etat la gestion du système social, retraite, santé

Avec une explosion des déficits et des charges, le bilan est peu flatteur. Les lois de 1967 et les ordonnances de 1996 ont étatisé la gestion de l'assurance-maladie, celle des retraites et le phénomène s'intensifierait avec la réforme MACRON. C'est pourquoi nous voulons RETIRER A L'ETAT la gestion du système social assurantiel, mais aussi confier l'agriculture, la santé et la culture aux régions, leur donner, ainsi qu'aux communes, une véritable autonomie financière.

Pour entraîner un pays entier vers un avenir meilleur, il faut l'associer, lui faire confiance, appliquer à l'ensemble des français le principe de subsidiarité, qui veut que toute décision soit prise au niveau adéquat, Etat, région, commune, entreprise, service, unité... ce qui implique de déléguer la décision en cascade. Considérer aussi les français comme un ensemble, une nation homogène et non une juxtaposition de clientèles, un agrégat de catégories, de communautés et de lobbies, sous la pression des communicants qui ne communiquent rien. Or le pouvoir actuel fait l'inverse et passe son temps à diviser, opposer, segmenter...