Retraites : pourquoi il faut travailler plus et mieux

Par Jean Guicheteau

Dans la pagaille des débats sur la "réforme" du système de retraite et le report de l'âge de départ à 64 ans au lieu de 62, une nouvelle donne vient de faire son apparition : la France ne travaille pas assez, il faut augmenter la durée du travail pour se rapprocher de nos partenaires -et concurrents- européens. On peut dire que la vraie question est enfin abordée, celle de la compétitivité du "site France". En effet, il ne faut pas espérer relancer l'industrie pour rapatrier les activités dites "stratégiques" (médicaments, armements, composants électroniques...) si ce déficit de temps de travail global perdure : on peut avoir une productivité horaire supérieure à nos voisins pour compenser, mais çà ne dure qu'un temps (ils ne sont pas plus bêtes que nous pour faire aussi bien).

Un autre sujet commence à poindre: celui de la dette publique. Cette dette de 3000 Mds aujourd'hui, qui a augmenté de plus de 400 Mds en 2 ans, il va falloir la stabiliser, puis la réduire avant de la rembourser. La charge annuelle de cette dette augmente avec les taux d'intérêt en hausse, et est passée de 38 à 43 Mds €. Cette situation impose de travailler plus pour rembourser nos créanciers et leur redonner confiance, car, s'ils nous coupent le robinet du crédit, la France serait en faillite. Cela signifie, pour le coup, une nette diminution des retraites et des salaires des fonctionnaires (à due concurrence du montant du déficit budgétaire soit au moins 20%). On ne comprend d'ailleurs pas bien les manifestations d'agents de la fonction publique contre l'allongement de la vie active et pour l'accroissement des dépenses, car ils ont tout à perdre d'une cessation de paiement des administrations publiques qui leur pend au nez....

Le secteur privé serait aussi frappé, car il bénéficie évidemment, au travers du pouvoir d'achat distribué et des commandes publiques de ce déficit sur emprunt extérieur. Il aurait donc tout intérêt à faciliter l'emploi des plus âgés et à déployer massivement des solutions comme la cessation progressive d'activité avant retraite.

La dette, l'emprunt permettent de continuer à vivre "comme avant", sans trop se poser de question et sans modifier nos comportements. Mais il arrive un jour où cette addiction - car c'en est une- n'est plus possible; cette réforme ne garantit rien pour l'avenir mais elle permet au moins de repousser l'échéance pour prendre les mesures nécessaires (proposées par les Electeurs-libres) de redressement de notre situation.