Ocean Viking : la "squaterrisation" de l'Europe ?
Par Jacques Leclerc
L'accostage du navire Ocean Viking, les hésitations des autorités, leur inaptitude à se faire respecter et les aternoiements de l'Europe, ont relancé le débat sur sa politique migratoire, ou plutôt son absence; les flux sont visiblement repartis à la hausse après la pause de la COVID 19 et nous ne sommes pas du tout préparés à y résister. Il faut donc s'attendre à de nouvelles arrivées non programmées et à des coûts sociaux en hausse, notamment pour les départements (2 300 mineurs "isolés" à prendre en charge dans le Var pour 20 millions par an).
Il faut bien comprendre que notre législation n'est pas appliquée et surtout qu'elle est devenue complètement obsolète pour affronter ce problème récurrent avec un minimum d'efficacité. En effet, cette législation, qu'il s'agisse de demandeurs d'asile, de rapprochement familial ou de mineurs a été conçue à une époque où des gens de bonne foi et isolés se présentaient aux frontières pour solliciter une aide. Ce cas de figure est révolu depuis déjà longtemps et nous avons affaire à une organisation collective très professionnelle visant à contourner la relative fermeture des frontières en instrumentalisant le droit et les bons sentiments à cet effet.
Cette organisation implique plusieurs intervenants qui se complètent : les pays d'origine, qu'ils soient du Maghreb, des Balkans ou d'Afrique noire, pour lesquels l'émigration constitue une soupape de sécurité dans le bouillonnement du chaudron intérieure, évitant l'explosion sociale; les passeurs, qui vendent l'Europe aux ressortissants de ces pays désirant échapper aux conflits mais aussi à la corruption et au favoritisme; les ONG qui assurent, non seulement le sauvetage en mer mais le transport vers les ports (ou les cols) européens et l'assistance morale et juridique ; les institutions juridiciaires, nationales ou européennes qui, elles, continuent à appliquer le droit comme si on était encore dans le premier cas de figure (la personne isolée qui réclame de l'aide...) et sanctionnent implaquablement tout abus d'autorité ou vice de forme...
On ne peut pas reprocher aux immigrés de vouloir changer de vie, mais on peut reprocher à nos gouvernements et à nos intitutions de ne pas avoir intégré (ou de ne pas vouloir le faire) ce changement de nature de l'immigration.
Liberté, Egalité, Souveraineté
Car l'idée que n'importe qui peut aller s'installer n'importe où dans le monde et que çà ne pose pas de problème, relève d'une forme de "squaterrisation" de celui-ci qu'on retrouve dans le cas de la propriété en France et d'une conception dévoyée du "droit au logement". C'est la notion de souveraineté qui est dévaluée et avec elle la "propriété" de notre territoire avec le droit fondamental d'y accepter les uns et d'y refuser les autres. C'est nous qui devons décider, par nos représentants, et pas les autres à notre place. Il ne s'agit pas d'une question de "droits de l'homme", droit individuels contre l'"abitraire" de la puissance publique, mais du droit des uns (les citoyens) contre le droit des autres, (les étrangers). Nous ne pourrons résoudre ce problème qu'en sortant de ce piège juridique et politique dans lequel nous nous sommes enfermés, ce qui implique une modification profonde des règles, la négociation avec les pays d'émigration, la dénonciation de la corruption généralisée dans ces pays. Une question de courage...