Dette française : pourquoi nous devons nous alarmer

Par Jean Guicheteau

La dette publique française dépasse 110% du PIB et ne cesse d'augmenter sous l'effet des déficits à répétition. Selon les sondages, les Français considéreraient la dette comme un problème, mais à 24%, loin derrière les difficultés de pouvoir d'achat, l'avenir du système social, l'immigration, la sécurité, l'environnement. Il est vrai que beaucoup de politiques et d'économistes cherchent à dissimuler ou sous estimer cette question, car la politique déterminée de réduction des déficits qu'elle implique les affecteraient directement dans leurs emplois, souvent publics.

Le jour où la France a fait faillite

Et pourtant la dette publique présente le danger le plus immédiat pour chacun d'entre nous, beaucoup plus encore que l'immigration ou l'environnement, une crise de la dette ayant des conséquences directes et sans délai sur notre pouvoir d'achat, notre patrimoine, mais aussi la sécurité, l'enseignement, la maîtrise de l'immigration car elle paralyserait parallèlement toute l'action de l’État.

En 2006, l'ancien PDG d'ELF Philippe JAFFRE avait imaginé dans un livre de fiction mais fondé sur des données réelles, les conséquences sur notre vie quotidienne d'une crise majeure de la dette, se traduisant par une situation de cessation de paiement de l’État. Or il faut bien comprendre que celui-ci irrigue l'ensemble de l'économie avec ses crédits, pas seulement les fonctionnaires mais aussi une grande partie du secteur privé, les retraites, l'assurance-maladie... Et pourtant la dette était à l'époque beaucoup moins importante.

L’État en cessation de paiement, nous le serions aussi à titre personnel

Écrit comme un thriller haletant, il débute en Chine sur la situation d'un touriste français voulant payer son hôtel avant de rentrer en France mais ne le pouvant plus, car sa carte bleue est devenue inopérante et muette. La faute à une crise de la dette survenue en France durant la nuit, les souscriptions d'emprunts obligataires ayant été refusées par les marchés car considérées comme "pourries", et plaçant l'Etat français en cessation de paiement.

Dans ce cas en effet, tous les avoirs, y compris privés, seraient gelés dans les comptes en banque, dans l'attente d'un déblocage de la situation. Une fois celle-ci débloquée, des coupes sombres devraient être effectuées en urgence dans le paiement des fonctionnaires et retraités, ainsi que les aides sociales. Les paiements des marchés publics de travaux et fournitures seraient également gelés ou reportés, plaçant les entreprises concernées en difficulté majeure de trésorerie et en faillite.

L'Etat impuissant à nous protéger

Ce scénario n'est donc pas fictif, comme on a pu le constater en 2009 en Grèce : l'image de ce retraité en sanglots et couché sur le trottoir d'une banque grecque refusant tout retrait de compte, a illustré de façon tragique le désespoir du peuple devant les conséquences de cette crise. Car il ne faut pas s'imaginer que les riches paieront à notre place, la plupart ayant pu mettre à l'abri leurs avoirs immédiatement avant le déclenchement de cette crise (un clic sur un bouton). Il ne faudra pas non plus compter sur l'Etat pour nous aider puisque c'est lui qui sera cette fois en difficulté...

Des impôts supplémentaires sur l'épargne

La crise de la dette imposera de réaliser sur les français, leur revenu et leur épargne, le prélèvement équivalent à la levée de fonds refusée par les souscripteurs de dette, la plupart étrangers. Or il faut savoir que l’État emprunte chaque année des sommes considérables pour financer ses dépenses, 285 milliards d'euros en 2024, montant que nous devrons payer nous-mêmes en cas de crise. Ce prélèvement sera aussi la contrepartie inévitable des aides fournies par la communauté internationale. A Chypre, les épargnants ont ainsi été soumis à une taxe exceptionnelle de 6,7 à 9% sur leurs avoirs et jusqu'à 47% au-delà de 100 000 € !

Français, s'il vous plaît, préoccupez-vous de cette dette, refusez les déficits publics et ne cédez pas aux sirènes de la facilité et du déni de ceux qui vous disent que ce n'est pas grave, qu'on peut continuer encore comme çà ou faire payer les riches ! Mobilisez-vous pour faire pression et obliger la classe politique à agir avant qu'il ne soit trop tard.