Compétitivité : vive l'entreprise "libérée" !

Par Jean Guicheteau

Dans le management, la capacité des dirigeants à motiver les employés dans leur travail est fondamentale, mais hélas pas très répandue, surtout en France.

Cette motivation, qui est la source de toute compétitivité, ne peut exister sans appropriation de ce travail, non seulement dans ses modalités mais surtout dans ses objectifs : c’est parce qu’ils se sentent partie prenante d’un projet global, qu’ils connaissent et comprennent, qu’ils sont reconnus par les dirigeants comme des acteurs majeurs de celui-ci, que les collaborateurs ont une motivation au travail. Cette motivation nécessite non seulement de partager les objectifs (le « pourquoi ») mais aussi de préserver une certaine autonomie dans les modalités de réalisation (le « comment »).

Trop souvent, les directions ne communiquent pas suffisamment sur le projet avec les collaborateurs et se contente de définir le « comment » à la place des pofessionnels, de façon parfois tatillonne et bureaucratique (notes de services, procédures toujours plus détaillées, autorisations préalables, décisions unilatérales). Or ce qui compte d’abord dans la motivation, ce ne sont pas les récompenses que l’on attribue, ce n'est pas même l'environnement de travail, mais d'abord ce que les professionnels réalisent par eux-mêmes.

Les entreprises qui parviennent à définir clairement les objectifs, le « pourquoi », tout en laissant ensuite une grande liberté d’appréciation et d’organisation aux acteurs de terrain, le « comment », sont celles qui ont la meilleure qualité de service, la plus grande satisfaction des clients, les meilleurs résultats financiers, la plus grande résilience et une pérennité assurée.

Des entreprises comme SEMCO, FAVI, HARLEY-DAVIDSON ou GORETEX, qui ont mis en oeuvre cette méthode de gestion par délégation à de petites entités autonomes et responsables avec une réduction drastique de l'encadrement, ont pu surmonter plus facilement les crises et obtenir d'excellents résultats.

Pour la France aussi

Les questions de gouvernance ne sont pas des questions secondaires : les pays qui ont une bonne gouvernance se portent mieux et la France n'a pas une bonne gouvernance, à cause de son système institutionnel dévoyé. Le rôle des responsables politiques devrait être avant tout de mobiliser les français vers leurs objectifs, mais on a plutôt l'impression qu'ils les découragent par avance. Le gaspillage le plus scandaleux de notre pays, c'est le gaspillage de toutes ces potentialités humaines qui ne seront pas exercées à cause d'un système de pouvoir inefficace et démobilisateur.