France : le pays des bloqueurs
Par Jean Guicheteau
Le blocage de Sciences Po par des extrémistes pro-Hamas n'est qu'une manifestation de plus de la pratique bien française consistant à bloquer les accès, les routes, les rails, les ports, à restreindre la liberté de circuler, d'apprendre, de travailler, de voyager, pour imposer ses propres revendications; on l'a vu lors de la réforme des retraites, avec le blocage des raffineries et des dépôts de carburant par une minorité de syndicalistes. Quand les agriculteurs sont mécontents, que font-ils ? Ils bloquent les routes et les entrées de ville. Les gilets jaunes ont bloqué les ronds points menant aux supermarchés, les cheminots bloquent les trains pour les départs en vacances, sans parler des routiers, des ambulanciers et des taxis avec des opérations escargot. Or il faut le savoir, un blocus est un acte de guerre et devrait être traité comme tel. La démocratie nous propose une panoplie de possibilités de faire connaître nos opinions et revendications, de faire pression et d'affirmer notre protestation mais de façon pacifique et cela a été fait pour éviter justement d'enclencher un cycle de la violence et de prendre les autres en otage. Il y a des règles du jeu à respecter et ne pas le faire, c'est porter atteinte à autrui beaucoup plus qu'au gouvernement, contrairement aux discours de justification.
Macron, le premier des bloqueurs
Malheureusement, le mauvais exemple vient d'en haut. Pour se donner toute chance d'être réélu en 2022, MACRON a esquivé le débat en prétextant qu'il était occupé par autre chose (l'Ukraine). Ainsi son bilan n'a pu être examiné comme il aurait du l'être et on n'a pas pu discuter vraiment des problèmes actuels. C'est la même forme de blocage qu'il s'apprête à renouveler pour les élections européennes. Ces élections devraient être pourtant l'occasion d'un débat de fond sur la gouvernance perfectible de l'Europe et la façon d'y remédier, comment stopper la fuite en avant de cette organisation européenne. Il n'en sera rien car il faut éviter toute contestation pour limiter la faillite électorale. L'élection par défaut est la pire. Et ces gens s'étonnent après de la hausse de l'abstention...
L'organisation de la pénurie
Dans le secteur professionnel libéral, il y a aussi des bloqueurs. Ainsi les médecins bloquent les rendez-vous de patients sous prétexte qu'ils sont débordés à cause du numerus clausus, mais le corps médical, qui verse des larmes de crocodile sur la pénurie, était bien heureux de ces restrictions à l'entrée qui lui ménageaient une clientèle captive. On ne nous fera pas croire qu'il n'avait pas les moyens d'y mettre un terme, s'il l'avait voulu, compte tenu de son pouvoir notoire de lobbying.
Essayez même de demander l'intervention d'un plombier dans un délai raisonnable et à un coût raisonnable, impossible et c'est vrai aussi pour les autres corps de métier. Dans beaucoup de ces professions libérales ou artisanales, on a organisé la pénurie afin de préserver son marché. Mais au détriment du consommateur qui doit perdre un temps fou pour obtenir safisfaction - et à quel prix ?
Et les moyens d'y répondre
Heureusement, dans une économie de marché libre, un besoin non satisfait va toujours trouver une solution ailleurs : c'est ce qui est arrivé dans la santé avec la création de structures de soins non libérales comme les centres dentaires (plus de 1000 en France aujourd'hui) ou en ophtalmologie. Les scandales sans doute montés en épingle, notamment à propos de Dentexia (50 centres), ne doivent pas faire oublier qu'ils suppléent utilement les professionnels libéraux défaillants. Car sans eux beaucoup de monde ne pourrait pas accéder aux soins.
Même chose dans l'entretien immobilier : si vous n'arrivez pas à trouver un plombier, une grande surface de bricolage y suppléera en vous vendant le robinet et l'installation qui va avec.