Industrie de défense : une nouvelle opportunité de croissance

Par Jacques Leclerc

Suite à la récente décision de Donald TRUMP de ne plus financer la guerre en Ukraine et son intention affirmée de se désengager de la défense européenne, La France et l’Europe échafaudent différents scénarios industriels et budgétaires pour se substituer au protecteur défaillant. L’Union a dégagé une somme colossale de 800 milliards d’euros mais il s’agit d’une annonce dont on ne connaît pas encore les modalités concrètes.

En France, l’effort de guerre consisterait à porter les dépenses de défense à 3% du PIB contre 2,1 actuellement soit 25 milliards supplémentaires annuels à trouver dans un contexte budgétaire très tendu. Doit-on encore augmenter la dette, créer un « impôt Ukraine », réduire les prestations sociales, notamment le montant des retraites, mobiliser l’épargne par un « emprunt forcé » ou un nouveau « livret D comme défense », les propositions des uns et des autres ne manquent pas, mais elles semblent raisonner de façon statique comme un joueur de bonneteau qui prend dans la poche des uns pour glisser dans la poche des autres, comme savent si bien le faire nos politiques et les technocrates de Bercy qui les « conseillent ».

D’abord il faut préciser que les États-Unis ne se sont pas retirés de l’Otan et doivent donc continuer à y contribuer tant qu’ils y sont, même s’ils souhaitent réduire le montant de leur engagement. Il est demandé aux états européens d’accroître leurs participation de défense à 3% du PIB, ce que les Electeurs-libres ont proposé déjà depuis des années. Mais comment le financer ? C’est là qu’il faut raisonner, comme souvent en économie (et l’économie de guerre est une économie) en dynamique plutôt qu’en statique : les instituts spécialisés nous apprennent qu’entre février 2022 et juin 2023 les états européens ont acheté pour 100 milliards d’euros d’équipements militaires et de munitions. Sur cette somme les États-Unis ont récupéré 80 milliards de commandes et symétriquement on peut dire que le « parapluie américain » a représenté un prélèvement annuel de 80 milliards sur l’économie européenne.

Par conséquent, c’est l’équivalent d’un impôt de 80 milliards que les européens ont dû acquitter pour bénéficier de cette protection. Inversement, si cette protection disparaît, les Européens reprennent la liberté de pouvoir produire et échanger entre eux la majeure partie de ces 80 milliards qui pourraient dès lors bénéficier à notre industrie de défense en particulier française (la France ne récupère que 2,5 milliards sur ces 100 milliards dépensés).

Il y a donc un potentiel énorme si les européens savent construire une industrie européenne de défense (avant de penser à la défense européenne), potentiel de croissance et donc aussi de rentrées fiscales pour les états qui auront su se positionner comme fournisseurs majeurs de leurs alliés et la France est plutôt bien placée pour cela.