Education

Education nationale : inverser la tendance

Le constat

La France n'est pas très bien placée dans les enquêtes internationales, la dernière enquête PIAAC de l'OCDE la classant 24è sur 40. Le niveau en mathématiques et sciences, qui était jusqu'ici un point fort, est en chute libre, nous sommes avant-dernier juste avant le Chili ! Malgré les 180 milliards dépensés chaque année, on constate une proportion élevée de jeunes entre 15 et 29 ans déscolarisés sans emploi. Ils constitueront demain les cohortes d'individus en marge, vivant de petits boulots, des minima sociaux sinon de la délinquance. Ce n'est pas seulement une injustice à l'égard des élèves, mais aussi une menace sur la place de la France dans le monde par défaut de formation du peuple et ses élites.

Pourquoi cela ne fonctionne plus ? Parce que là ausi, l'Etat n'a pas voulu s'en tenir à sa mission, qui est de transmettre un savoir et non d'éduquer, de nourrir ou de faire du gardiennage. Il faut en revenir à l'instruction.

Le système éducatif est miné à la fois par le "pédagogisme", conception qui nie l'effort individuel, et collectif, qui éxècre l'autorité et le "dressage" au profit d'un vague spontanéisme des élèves, et par la "méritocratie républicaine", qui génère des personnalités asociales imbues d'elles-mêmes et rejette des millions de personnes dans l'échec, le mépris des "sans dents" de Hollande ou des "déplorables" d'Hillary Clinton.

La faute à un système sclérosé, bureaucratique, qui ne laisse pas assez d'autonomie de gestion aux institutions de terrain. Il faudra une forte volonté politique pour transformer profondément ce système et peut être passer par un référendum, tant sont puissantes les forces de la conservation et de la contestation. C'est aussi la conséquence d'une crise de l'autorité, déjà décrite par Hannah ARENDT :

"... Les méthodes modernes d'éducation ont effectivement essayé de mettre en pratique cette absurdité qui consiste à traiter les enfants comme une minorité opprimée qui a besoin de se libérer. L'autorité a été abolie par les adultes et cela ne peut que signifier une chose : que les adultes refusent d'assumer la responsabilité du monde dans lequel ils ont placé les enfants." (La crise de la culture)

Les propositions

1 ) Contrainte sur les objectifs, autonomie sur les moyens

L'éducation nationale est une énigme : l'expérience prouve que pour assurer la qualité; d'une prestation, la concurrence, l'autonomie de gestion et la liberté de choix du client sont les meilleurs moyens disponibles. Pourquoi il faudrait le faire pour fabriquer des boulons et pas pour une activité aussi noble que l'éducation ?

Le succès de l'enseignement privé catholique est la conséquence de la déliquescence du système public et un pied de nez permanent à la bureaucratie qui est en train de tuer le système.

Aujourd'hui, la gestion de l'éducation nationale est centralisée : les écoles n'ont aucune autonomie de gestion et c'est le ministère qui pilote, à travers les rectorats, l'ensemble des actes de gestion, notamment l'affectation des professeurs. Il en résulte à la fois une forte contrainte sur les établissements, et une pression sur les enseignants, entièrement dépendants de leurs syndicats pour la carrière ou des "spécialistes" en sciences de l'éducation pour leur travail. On voit même le président de la République "décider" de rajouter 1h de sport/jour en primaire, alors que ce type de décision devrait relèver du chef d'établissement.

On retrouve ainsi dans l'enseignement la même évolution que dans la santé : les professionnels sont devenus de simples exécutants d'une bureaucratie centralisée qui procède par injonctions, souvent contradictoires. Nous voulons redonner aux enseignants le goût du métier, le plaisir d'enseigner, placer l'administration à leur service et non l'inverse.

Propositions:

  1. inverser ce fonctionnement en donnant une plus grande autonomie de gestion, notamment budgétaire et pédagogique, aux lycées et collèges, et en revanche fixer des objectifs très précis sur le contenu des connaissances et les programmes, en appuyant les méthodes d'enseignement qui ont été validées comme efficaces pour redonner aux élèves l'envie d'apprendre et l'amour de la France.
  2. retirer la gestion des écoles, lycées et collèges aux collectivités locales dans le cadre de la nouvelle dévolution des compétences (voir rubrique décentralisation) et la confier à ces établissements publics autonomes, regroupés, avec un chef d'établissement et un conseil d'administration décisionnaires, soutiens de proximité aux enseignants, notamment dans la discipline.
  3. le ministère de l'éducation ne serait plus le gestionnaire direct mais uniquement l'organe de tutelle et de contrôle avec une fonte de ses effectifs de moitié, l'autre étant réaffectée sur le terrain (35% des effectifs de l'Education n'enseignent pas !).

2 ) Rendre la formation livresque obligatoire jusqu'à 13 ans seulement

Aujourd'hui la scolarité est obligatoire de 3 à 16 ans. Beaucoup de jeunes qui n'aiment pas les études perdent leur temps sur les bancs des collèges alors qu'ils pourraient commencer à apprendre un métier en apprentissage. Par ailleurs, dans l'optique des Electeurs-libres de débureaucratisation de la société, les emplois de bureau, du moins dans l'administration, vont se réduire considérablement. En outre, l'économie de demain sera plus exigeante en emplois d'artisans, techniciens, spécialistes de toute sorte : pense-t-on qu'on peut pratiquer une agriculture bio sans maîtriser les techniques agronomiques correspondantes ? Et ce n'est pas une vue de l'esprit : de plus en plus de cadres de grandes entreprises laissent tout tomber pour devenir agriculteur, pâtissier ou ébéniste et retrouver un sens à leur vie.

Propositions :

  1. concentrer les moyens sur la formation des jeunes enfants, déterminante pour l'avenir, et donner la possibilité à ceux qui le souhaitent de quitter l'école à 13 ans pour une formation professionnelle d'excellence dans l'entreprise qui leur donnera un avenir,
  2. développer les formations en apprentissage dès 13 ans,
  3. en contrepartie, bloquer sur un compte personnel les crédits académiques non dépensés entre 13 et 16 ans permettant de reprendre une formation (professionnelle ou académique) ultérieurement et ce jusqu'à 40 ans.

3 ) Revoir le système d'affectation, réduire la part de non-enseignants

Actuellement le système d'affectation des professeurs se fait en fonction d'un nombre de points acquis et pilotés par l'ordinateur central de l'Education nationale. Ce système absurde consiste à nommer par défaut les professeurs les moins expérimentés, ceux qui ont moins de points que les plus anciens, dans les classes les plus difficiles.

Les élèves des grandes écoles (normale sup, polytechnique, centrale) ne paient pas leur scolarité qui est prise en charge par l'Etat. En contrepartie ils ont une obligation de service public de 5 ans. Nous proposons qu'ils soient affectés, durant cette période, non plus dans les villes, mais dans les zones rurales les plus délaissées et désindustrialisées, de la "diagonale du vide" située entre les Ardennes et le Limousin. Nous voulons ainsi faire profiter les habitants et leurs enfants de l'apport intellectuel de ces élites et faire profiter ces élites d'une expérience vécue, qui donnera peut être l'idée à certains d'y rester.

Propositions :

  1. Réaffecter 80% des 100 000 enseignants qui n'enseignent pas dans les classes, supprimer le système d'affectation par points au profit d'un recrutement par établissement ou groupes d'établissements à partir d'une liste nationale.
  2. Ramener en 5 ans la part de personnel non-enseignants à la moyenne européenne (15% au lieu de 20%).

4 ) Chaque élève vient à l'école avec son "budget"

L'état déplorable de certaines écoles à Marseille a obligé MACRON à débloquer en catastrophe des centaines de millions pour les rénover en partenariat avec la municipalité. Mais qui ne voit que cette situation est révélatrice d'un dysfonctionnement global et qu'il faut donc modifier le système d'allocation des ressources au lieu de faire "un coup de com" ? Par ailleurs, la qualité du système éducatif et de ses filières, contrairement au mythe égalitaire, n'est pas uniforme, mais les différences ne sont pas facilement identifiables par tout un chacun.

Propositions :

  1. retirer la gestion patrimoniale des écoles aux collectivités territoriales et la confier à des établissements budgétairement autonomes ; leur budget serait alimenté par une dotation par élève, comprenant les charges de personnel, d'équipements et d'entretien immobilier,
  2. supprimer la carte scolaire et publier les indicateurs de qualité des établissements et des filières de manière à ce que tout le monde puisse s'orienter vers les "bons" établissements.