Retraites : pourquoi on rejoue toujours la même scène

Par Jean Guicheteau

1993, 1995, 2003, 2010, 2014, 2023... Les "réformes " des retraites se sont multipliées depuis 30 ans avec des conséquences plus ou moins importantes pour les assurés et des oppositions plus ou moins radicales des syndicats; on a l'impression de vivre toujours le même scénario : une réforme se fait pressante pour équilibrer le système par répartition, menacé en permanence dans son équilibre financier par la retraite à 60 ans et les évolutions démographiques (détérioration inéluctable du rapport cotisants/retraités).

Le pouvoir tergiverse, finit par présenter une modification du système, les syndicats s'y opposent, mobilisent dans la rue, surtout ceux qui ne sont pas immédiatement concernés (régimes spéciaux), menacent de bloquer le pays; le pouvoir doit reculer, apporter des modifications à sa réforme qui l'édulcorent (on pense que la réforme actuellement proposée risque de coûter plus cher qu'avant avec déjà 5 milliards de rognés !). Jusqu'au prochain tour...

Trop d'étatisation, pas assez de démocratie sociale

Ce spectacle donne une piteuse image de la France, mais il n'est que la conséquence directe de la mauvaise gouvernance qui sévit dans le pays. En effet, pour comprendre les raisons de ce psychodrame, il faut observer comment s'y exerce le pouvoir : une très forte concentration entre les mains de l’État central, en clair Bercy et la présidence de la république, y compris et surtout dans le domaine social qui a été progressivement retiré aux partenaires sociaux et confié aux forces politiques. Il y a une sorte de pacte tacite entre le pouvoir d'état (le petit cercle des dirigeants) et les Français : laissez-nous gouverner sans partage et en contrepartie nous vous maintenons vos avantages sociaux, parfois exorbitants (régimes spéciaux), l'endettement comblant l'écart croissant entre ces avantages et les possibilités de l'économie. Mais aujourd'hui, nous arrivons au bout de ce système.

C'est un combat entre les technocrates, qui veulent sauver le système (et eux-mêmes en conséquence), et le régime soviétiforme des services publics et de leurs agents, principaux syndiqués et bénéficiaires des dits avantages. Mais on voit bien qu'ils ont entre eux une complicité "objective". Y parviendront-ils ? On peut en douter, et en attendant, c'est la France qu'on sacrifie !

Il y aurait bien sûr une autre solution, celle qui existe dans la plupart des pays européens et que proposent les Electeurs-libres, consistant à insuffler de la responsabilité dans la gestion des prestations sociales, maladie, retraite, chômage en la confiant à des représentants élus pour cela, en-dehors du spectre politique.